Voyage solidaire au Maroc- Février 2016

L’orthophonie reste peu connue au Maroc, c’est pourquoi notre association tend à mettre en place des actions dans le but de communiquer autour de cette discipline. Nous nous sommes dirigés vers six associations dans le besoin qui ont demandé notre aide.

En partant au Maroc, nous sommes bien évidemment remplis d’espoirs et avons plusieurs objectifs :

  • Promouvoir l’orthophonie auprès des partenaires marocains, les sensibiliser à cette discipline paramédicale et les informer sur l’intérêt de ses pratiques.
  • Apporter un soutien humain: mise en place d’activités axées sur le thème du monde,  pour permettre aux enfants de s’ouvrir sur le monde.
  • Echanger avec des professionnels et des étudiants en orthophonie sur notre future profession, aller à la rencontrer des enfants, partager des moments forts avec eux.

Notre voyage ne durant qu’une semaine, nous ne prétendons pas apporter une aide révolutionnaire auprès de ces  associations. Afin que nos actions lors de cette semaine ait un véritable impact dans la vie quotidienne des personnes que nous rencontrons, nous apportons un soutien matériel aux associations : don de cahiers, de vêtements, de biberons, de couches, de jeux éducatifs autour du langage oral et écrit, don de livres.

 

Maintenant, nous allons entrer dans le coeur du sujet en vous racontant ce que nous avons fait lors de ce voyage afin de partager avec vous autant que possible tous les moments riches et intenses que nous avons eus la chance de vivre🙂

Alors, comme nous étions nombreuses à partir lors de ce voyage, nous avons choisi de nous diviser en deux groupes.

Tous les matins, le premier groupe intervenait au sein de l’Association pour les sourds et les malentendants.

Quant au deuxième groupe, il intervenait au sein de l’École rurale, une association accueillant des enfants polyhandicapés. Le thème de notre intervention était « Voyage autour du monde ». Chaque jour était donc dévolu à la présentation d’un conte venant d’une région du monde particulière, puis à la réalisation d’activités en rapport avec ce conte. Nous souhaitions également que les enfants gardent une trace de notre intervention, ainsi nous avons décidé de le fabriquer un livre « pop-up » avec un motif différent pour chacun des contes présentés que les enfants devaient décorer et que nous collions dans le livre « pop-up » intitulé « mon carnet de voyage ».

Suite à des problèmes administratifs nous avons débuté notre intervention à l’école rurale le mardi 23 février au lieu de lundi 22 février. Nous intervenions dans une Classe d’Intégration Scolaire (CLIS) située dans l’école rurale de Sidi Ghiat (située à 18km de kilomètres de Marrakech). L’enseignante, Bouchra, prend en charge 8 enfants. Parmi ces huit enfants, un est en intégration partielle, ce qui signifie qu’il n’est présent dans la  CLIS que le mardi et le jeudi. Les autres jours, il suit les enseignements en classe ordinaire. Il n’était pas présent la semaine de notre intervention. Cette classe comporte également deux enfants sourds (dont l’un est appareillé mais ne suit pas de rééducation), deux enfants trisomiques, les autres enfants présentaient des retards mentaux légers.

Lundi 22 février

Matin:

Groupe 1 et 2 : Prise de contact avec les membres de l’Association pour les sourds et malentendants de Marrakech : la présidente (mère d’une jeune fille sourde), l’institutrice (sourde), l’ATSEM (entendante), un bénévole (parlant la langue des signes) et les enfants (il s’agit d’une classe mixte, comptant une trentaine de jeunes sourds âgés de 4 à 16 ans).

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Présentations, échanges avec les enfants, jeux que nous avions fabriqués (memory du toucher, jeu sur les consistances etc.), coloriages avec les crayons apportés, devinettes signées ayant pour support un planisphère ludique ramené pour l’occasion.

Notre semaine ayant pour but initial le thème du voyage et de la découverte des cultures, nous avons essayé de discuter avec les plus grands des différents pays du monde et de ce qu’on y trouve.

Après-midi :

Intervention des neuf membres de l’association au sein de l’orphelinat pour jeunes enfants « Enfance Espoir », avec lequel Ortho Shamss est en partenariat depuis quelques années.

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Accueillies par l’une des nurses, celle-ci nous a demandé de déposer les dons apportés dans une pièce, ensuite elle a noté sur un cahier dédié aux dons les quantités apportées. Nous avions amené des couches, trois valises d’habits (nouveau-nés à 4 ans), des biberons en verre, du lait maternel…

Puis, elle nous a expliqué durant une dizaine de minutes le fonctionnement de l’orphelinat. Il existe quatre chambres où les bébés sont répartis par âge dont une avec trois enfants polyhandicapés. Ces chambres donnent sur une pièce centrale où les parents ayant entamé une procédure d’adoption peuvent passer quelques heures avec leur futur enfant. Enfin, la dernière pièce est une grande salle de jeu (tapis de sol, transats, parcs…).

Cette nurse nous a présenté les différentes chambres et nous a permis de nous occuper des enfants éveillés, de donner le biberon aux nouveau-nés… de plus, nous avons pu nous occuper des trois enfants polyhandicapés en les stimulant par la parole et des massages.

Mardi 23 février

Matin:

Groupe 1 :

Intervention au sein de l’Association pour les sourds et malentendants de Marrakech.

Confection d’instruments de musique rappelant les cultures amérindiennes et africaines : bâtons de pluie et maracas, qui ont ensuite été décorés et customisés.

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Pour préparer l’atelier cuisine de galettes des rois du lendemain, les petits ont ensuite décoré leurs couronnes avec plumes, peinture, feutres, paillettes etc.

Pendant ce temps les plus grands ont appris à faire des origamis, représentatifs de la culture nippone.

En parallèle, coloriage de la fresque-planisphère pour ceux qui en avaient envie.

Présence de quatre étudiantes en orthophonie de Marrakech (en troisième année) dont l’investissement fut minime.

Groupe 2 : Moment d’échanges entre la culture française et marocaine. Nous avons commencé par une présentation des prénoms des enfants et des nôtres. Puis nous leur avons fait découvrir des spécialités culinaires françaises : des crêpes que nous avions préparées la vieille, ainsi qu’une galette des rois. A la suite de cela, nous avons débuté la présentation du conte français : « Le petit chaperon rouge ». Pour faire cette présentation, nous avions un diaporama avec des images du conte sur un ordinateur et nous avons joué le conte sous forme de saynète. Les enfants parlant uniquement le dialecte, l’enseignante traduisait nos propos et signait à l’intention des enfants sourds. A dix heures, les enfants sont allés en récréation pour une demi-heure. C’est à ce moment-là que nous avons pu apprendre à mieux les connaître par de nombreux échanges. Ensuite, un des enfants de la classe nous à présenté un conte marocain intitulé « Moha et la taie d’oreiller ». Ce dernier l’avait appris par cœur et nous l’a récité en dialecte. La maîtresse nous l’a traduit. Ce conte traitant de la valeur du travail était très beau et cet élève l’a parfaitement récité seul devant nous et ses camarades. Après la récréation nous avons demandé aux enfants de décorer la page de garde de leur livre « pop-up » avec de la peinture, des stylos feutres, des gommettes, etc. Nous leur avons ensuite demandé de décorer le motif du jour pour le conte français : une tour Eiffel. Nous avons choisi de finir la matinée par un jeu en plein air, une « tomate », ce qui a permis de beaucoup nous rapprocher. Quand les enfants furent partis, à midi, nous avons offert nos dons à Bouchra. Nous avions rapporté une trentaine de cahiers, des stylos, des crayons de couleurs, des crayons feutres, de la peinture, des feuilles blanches et des feuilles de couleur.

Après-midi :

L’association Trait d’Union est une association accueillant des enfants et adolescents polyhandicapés.

Les membres de l’association Ortho Shamss s’y sont rendus à 16h.

Nous avons été accueillies par le personnel soignant (psychomotricienne, orthophoniste) et le directeur du centre. Nous avons visité les locaux de l’association, qui sont très bien équipés avec des salles dédiées à chaque profession paramédicale, des salles de classe, un jardin…

C’est un très bel endroit avec une équipe pluridisciplinaire, cela permet donc aux enfants et adolescents accueillis d’avoir une prise en charge globale et un suivi très correct.

Nous leur avons ensuite fait don de jeux orthophoniques et ludiques. En effet, nous avons pu remarquer que le centre manquait cruellement de matériel pour pouvoir varier les séances d’orthophonie, de psychomotricité…

Malheureusement, la journée était terminée lorsque nous sommes arrivées et il n’y avait plus d’activités de proposées aux enfants. Ils rentraient en effet chez eux.

C’est donc un peu amères que nous avons quitté ce centre, déçues de s’être mal organisées (puisqu’étant tributaires des transports en commun) car nous aurions aimé pouvoir échanger davantage avec les enfants et participer à leurs activités, mais nous avons fait de belles rencontres et eu des échanges enrichissants avec les praticiens de santé et le directeur du centre, qui nous ont accueillies avec plaisir dans leur centre.

 Mercredi 24 février

Groupe 1 :

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Journée à la ferme pédagogique Akkalino, située à une trentaine de kilomètres de Marrakech.

Nous partions avec tous les enfants, l’institutrice et l’ATSEM, quelques parents d’élèves, mais aussi avec les anciennes écolières, devenues couturières.

Les enfants ont visité la ferme, découvert les animaux, puis nous avons fait un atelier danse, qui était accompagnée par les instruments de musique fabriqués la veille.

La journée s’est déroulée en alternant les activités : tressage de bracelets, jeu de Boccia, fabrication de pain traditionnel, jeux de ballons etc.

 

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Groupe 2 :

Rappel des prénoms sous forme de jeu : chaque enfant devait à tour de rôle piocher un prénom dans une boîte et montrer la personne (nous avions écrit les prénoms en français et en arabe). Puis nous avons présenté le conte du jour, un conte africain intitulé « Le tambour qui parle », à l’aide de l’ouvrage et d’une mise en scène. Ensuite nous avons entamé l’activité de fabrication de bâtons de pluie (un pour chaque enfant). Les enfants ont mis le riz à l’intérieur du bâton puis l’ont décoré à l’aide de peinture, crayons feutres, gommettes, etc. Enfin , nous avons terminé la matinée par le coloriage du motif pour le livre « pop-up » : un tambour. Ce jour-là, trois étudiantes de l’école d’orthophonie de Marrakech, l’IHEPS (l’Institut des Hautes Etudes de Protection sociale) sont intervenues avec nous à l’école rurale. Ce fut l’occasion pour nous de découvrir les études d’orthophonie au Maroc, d’échanger sur notre future pratique, et pour ces étudiantes de prendre contact avec les enfants de la CLIS.

Jeudi 25 février

Matin:

Groupe 1 :

Intervention au sein de l’Association pour les sourds et malentendants de Marrakech.

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Pour poursuivre l’atelier sur le thème de l’Asie avec les plus petits cette fois, création d’arbres à boutons d’inspiration asiatique. Pendant ce temps les plus âgés faisaient de la calligraphie avec des lettres de l’alphabet arabe.

Parallèlement à ces activités, pour représenter la culture américaine les enfants ont pu découper et peindre leurs silhouettes à la façon de l’artiste Keith Haring.

Dégustation de chaussons aux pommes cuisinés la veille (qui remplacèrent finalement les galettes des rois, mais dans lesquels se trouvaient tout de même des fèves).

Présence de quatre autres étudiantes de troisième année marocaines, qui furent plus motivées pour entrer en communication avec les sourds et pour s’investir dans les activités proposées.

Groupe 2 :

Pour commencer la journée, nous avions préparé une danse africaine que nous avons apprise aux enfants. Cela a beaucoup plu, les enfants, un peu timides au début, se sont rapidement joints à nous pour danser. Nous avons poursuivi la matinée par la présentation d’un conte asiatique « Comment la mer devient salée ? », toujours par l’intermédiaire du livre et d’une mise en scène. Ce jour-là nous avons voulu discuter avec les enfants de leur culture. Pour cela nous avions préparé trois questions : Comment venez-vous à l’école ? Combien de frères et sœurs avez-vous ? Quel métier font vos parents ? Cet échange fut très enrichissant pour nous, nous avons pu découvrir la vie des enfants en milieu rural, mais également très enrichissant pour les enfants eux-mêmes et l’enseignante qui était ravie de constater que ses élèves pouvaient communiquer entre eux. Nous avions aussi fabriqué, avant de partir, un memory du monde, avec des images de différentes régions du monde à laisser à l’école. Nous avons distribué une image à chaque enfant, à tour de rôle ils devaient venir positionner la carte sur un planisphère que nous avions amené et affiché le premier jour. Enfin, nous avons fait un atelier de rythme avec les bâtons de pluie fabriqués la veille. Après la récréation nous avons entamé une activité d’origamis. Nous avions trois modèles : un bateau, un poisson et une grenouille. Nous les avons réalisés ensemble, les enfants étaient très appliqués et réceptifs. Pour finir la matinée ils devaient colorier leur motif du jour, une fillette d’origine asiatique, pour le livre « pop-up ». Pendant ce temps, nous avons assemblé les origamis autour d’un support en polystyrène pour fabriquer un mobile à laisser dans la classe.

Après-midi :

Nous sommes allées à la rencontre d’une association qui accueille des enfants et adultes présentant une trisomie 21 : Abnaouna 21. 

Lors de cette intervention, nous avons pu échanger avec les enfants accueillis et les intervenants éducateurs.

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Nous avons également proposé une activité pour travailler le souffle (avec des pailles et de l’encre).

Nous avons aussi amené du matériel, en particulier des jeux pour travailler sur le langage oral

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(Imagidés, Dooble, des marionnettes pour travailler sur les émotions, etc.) que nous leur avons laissés après notre départ.

Vendredi 26 février

Groupe 1 :

La semaine est passée très vite. Lors de notre dernier jour, nous avons dit au revoir aux enfants et à l’institutrice de l’Association des sourds et des malentendants.

Nous leur avons laissé tout le matériel apporté pour que les enfants puissent continuer à s’épanouir par le biais d’activités qu’ils n’ont pas l’habitude d’avoir par manque de moyens.

Nous avons ensuite rendu visite aux couturières sourdes rencontrées le mercredi : elles travaillent pour l’association Attafaoul qui aide les femmes dans le besoin en leur apprenant à confectionner, coudre, créer des objets qu’elles peuvent ensuite vendre.

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Groupe 2 :

Pour notre dernière matinée, nous avons à nouveau démarré la journée avec la danse africaine de la veille. Puis nous avons présenté le dernier conte de la semaine, un conte Inuit intitulé « L’ourse transformée en étoile » , toujours avec le support du livre et d’une mise en scène. Nous avons à nouveau proposé un moment d’échange culturel. Cette fois les questions étaient : Qu’est-ce que vous faites quand vous n’êtes pas à l’école ? Qu’est-ce que vous aimeriez faire comme métier plus tard ? Quel conte vous a le plus plu ? Cet échange fut à nouveau très enrichissant. Nous avons pu avoir un aperçu des différences sociales qui persistent au Maroc à travers les réponses des enfants issus de milieu socio-économiques différents. Nous étions également satisfaites de voir que les enfants avaient été très intéressés par nos contes, et choisissait rapidement et avec entrain leur histoire préférée. Puis nous voulions que les enfants aient un retour des activités de la semaine. Ainsi nous avons fait un montage photo et vidéo de toutes les activités réalisées pendant la semaine à présenter à la classe. Les enfants étaient ravis de se voir et la maîtresse très émue. Après la récréation, nous avons commencé l’activité en rapport avec le conte. Nous avions préparé un drap blanc sur lequel nous avions dessiné les contours d’une fresque reprenant un passage de l’histoire. Les enfants avaient plusieurs matériaux à leur disposition, notamment plusieurs tissus à textures différentes et de la peinture. Ils devaient coller les tissus sur la fresque pour la remplir. Cette activité a beaucoup plu. C’est ainsi que nous avons terminé notre intervention à l’école rurale. Pour nous remercier, l’équipe pédagogique nous a offert un couscous pour le repas du midi qui nous avons partagé tous ensemble.

 

Nous remercions vivement tous ceux qui ont contribué à ce beau projet, donateurs et acteurs. Les enfants étaient contents de leur semaine, l’institutrice aussi et nous-mêmes sommes très heureuses de ce qui a été construit là-bas.

Merci à la Fondation de l’Université pour ses aides financières sans lesquelles tout cela n’aurait pas été possible.